jeudi 29 septembre 2011

Les soirées Palmwine

Palmwine Records m'a chargé de réaliser les flyers de leurs soirées pour la saison 2010/2011, en voici quatres. La charte graphique est de Ram-One, en attendant une nouvelle identité visuelle du label pour 2012.


mercredi 21 septembre 2011

Saki : Histoires Courtes

Maffieu et moi travaillons à l'adaptation de nouvelles de Saki (H.H. Munro) en BD pour faire suite aux douze pages récemment publiées dans le Bermuda 3. A cette occasion j'ai traduit cette histoire inédite, du moins en français, bonne lecture:



A TOUT HASARD
( A shot in the dark )


Philip Sletherby s'installa dans un wagon ferroviaire quasiment vide, avec la sensation plaisante de s'embarquer pour un profitable voyage d'agrément.Sa destination était le manoir Brill , la résidence d'été d'une connaissance récente, Mrs. Saltpen-Jago. Honoria Saltpen-Jago, d'une importance certaine dans la société londonienne, était d'une importance considérablement influente dans le comté de Chalkshire.Le comté de Chalkshire, ou, à un certain niveau, sa partie orientale, était d'un intérêt personnel immédiat pour Philip Sletherby; Il était tenu pour le gouvernement du parlement actuel par un gentilhomme qui n’envisageait pas de se représenter,
et Slethebrby était sérieusement considéré par les dirigeants du parti comme son possible successeur. La majorité n'était pas imposante, et le siège ne pouvait pas être considéré comme assuré pour un candidat ministériel, mais il y avait une organisation locale efficace, et avec de la chance le fauteuil serait obtenu. L'influence de Saltpen-Jago n’était pas un élément à laisser hors de considération, et l'aspirant politicien avait été enchanté à la rencontre de Honoria dans un petit apéritif dinatoire amical, et d'autant plus satisfait lorsqu' elle l'invita à sa maison de campagne pour les Vendredi-à-Mardi prochains. Il était manifestement "sur la sellette", et s'il pouvait s'assurer les bonnes grâces de son hôtesse il pourrais compter sur la nomination comme chose sure. S'il échouait à trouver faveur à ses yeux -- eh bien, les dirigeants locaux se refroidirait probablement dans leur embryon d'enthousiasme pour lui.

Parmi les passagers éparpillés sur le quai, attendant leur train respectif, Sletherby aperçut quelqu'un de son club, et lui fit signe d'approcher de la fenêtre pour lui parler.

"Eh, tu va chez Mrs. Saltpen-Jago pour le week-end, non? J'imagine que tu va t'y plaire; elle a la réputation d’être une excellent hôtesse. Elle te sera utile, aussi, si ce projet parlementaire -- oulah, çà démarre. Au revoir."

Sletherby salua son ami de la main, remonta la fenêtre, et porta son attention sur le magasine posé sur ses genoux.Il en avait vaguement parcouru quelques page lorsqu'un juron étouffé lui fit, cependant, jeter un coup d’œil hâtif au seul autre occupant du wagon. Son compagnon de voyage était un jeune homme d'environ vingt-deux ans, aux cheveux noirs, à la peau satinée, et ce mélange d'élégance et de confusion qui indique la marque d'un farfelu en partance pour des vacances rustiques. Il avait entreprit la recherche furieuse et inefficace de quelque objet fuyant ou inexistant; de temps en temps il retirait quelques piécettes d'une poche de gilet et les fixait tristement, puis recommençait la futile opération de recherche. Un porte-cigarette, des allumettes, une clef, une trousse en argent, et un ticket de train étaient pêle-mêle sur la banquette à côté de lui, mais aucun de ses articles ne semblait lui octroyer satisfaction; il jura à nouveau, relativement plus fort qu'avant.

La vigoureuse pantomime ne tira aucune remarque de la part de Sletherby, qui repris l'examen du magasine.

"Dites!" s’exclama alors une jeune voix, "ne vous-ais-je pas entendu dire que vous alliez séjourner chez Mrs. Saltpen-Jago au manoir Brill ? Quelle coïncidence! C'est Mère, vous savez. Je serai là lundi soir, alors nous-nous y verrons.
J'ai pris quelques distances, et n'ai pas vu Mère depuis six mois au moins. Je naviguait la dernière fois qu'elle était en ville. Je suis Bertie, le cadet, vous savez.
Dites, c'est une formidable coïncidence que je doive croiser quelqu'un qui connait Mère juste à ce moment précis. Il m'arrive une truc sacrément embarrassant.

"Vous avez perdu quelque-chose, n'est-ce pas?" dit Sletherby.

"Pas exactement, mais oublié, ce qui est presque aussi dommage; tout aussi gênant, en tout cas. Je suis parti avec mon porte-monnaie, avec dedans quatre sacs , toute ma fortune pour le moment. Il etait bien dans ma poche, juste avant que je commence, et alors j'ai voulu coller une enveloppe, et il y a mes armoiries sur le porte-monnaie, alors je l'ai sorti pour cacheter la cire avec, comme un imbécile doublement-imbibé, j'ai du le laisser sur la table.
J'avais quelques grosse pièces au fond de ma poche, mais après que j'ai payé un taxi et mon billet il ne me reste plus que ses six malheureux pennies. Je m’arrête dans une petite auberge campagnarde près de Brondquay pour trois jour de pèche; là pas une âme ne me connait, et ma note pour le week-end, avec pourboires, et le taxi depuis et pour la gare, et mon billet pour Brill, çà devrais grimper à deux ou trois sacs, n'est-ce pas? Si çà ne vous ennui pas de me prêter deux livres dix, ou trois de préférence, je vous serais terriblement obligé. Ça me tirerais d'une galère sans fin."

"Je crois pouvoir arranger cela," dit Sletherby, après un moment d’hésitation.

"Un énorme merci. C'est drôlement gentil de votre part. Quelle aubaine pour moi d'avoir la veine de tomber sur un des amis de Mère. J'en tirerais la leçon de ne plus laisser mon porte-monnaie trainer n'importe où, quand il devrais être dans ma poche. Je suppose que la morale de tout cela est de ne pas essayer de modifier à toutes fins utiles les choses pour ce qu'elle ne prévoient pas d’être. Toutefois, quand un portefeuille porte vos armoiries--"

"Quelles sont vos armoiries, à propos?" demanda Sletherby, négligent.

"Elle ne sont pas très courantes," dit le jeune homme; "un demi-lion tenant une croix de consécration dans sa patte."

"Quand votre mère m'a écrit, me donnant une liste des trains, il y avait, si je me rappel bien, un lévrier en course à l'entête," observa Sletherby. Il y avait une nuance de froideur dans sa voix.

"Ce sont les armoiries des Jago,"répondit promptement le jeune homme; "le demi-lion est le blason des Saltpen. Nous avons le droit d'utiliser les deux, mais j'ai toujours employé le demi-lion, parce-que, après-tout, nous sommes surtout des Saltpen"

Il y eu un petit instant de silence, et le jeune homme se mit à récupérer matériel de pèche et autres affaires du porte-bagage.

"Je descend à la prochaine station," annonça-t-il.

"Je n'ai jamais rencontré votre mère," dit soudainement Sletherby,"bien que nous ayons correspondu à maintes reprises. C'est par des amis politiciens que l'on m'a présenté à elle. Vous ressemble-t-elle trais-pour-trais? J'aimerais pouvoir la reconnaitre si elle venait à être sur le quai pour m'accueillir."

"Elle est sensée être comme moi. Elle a les même cheveux bruns sombres et intenses; c'est de famille. Dites, c'est là que je m'en vais"

"Au revoir," dit Sletherby.

"Vous avez oublié les trois sacs," dit le jeune homme, ouvrant la porte du wagon et lançant sa valise sur le quai.

"Je n'ai pas l'intention de vous prêter trois livres, ou trois shillings," dit sévèrement Sletherby.

"Mais vous avez dit--"

"Je sait, oui. Mes soupçons n'étaient alors pas éveillés, bien que je n'ai pas nécessairement avalé votre histoire. Les divergences d'armoiries m'ont mises sur mes gardes, nonobstant la manière vraiment brillante dont vous les avez dépeintes. Alors je vous ai tendu un piège; je vous ai dit que je n'avais jamais rencontré Mrs. Saltpen-Jago. En fait je l'ai rencontré pour diner lundi dernier. Elle est irrémédiablement blonde."

Le train redémarra, laissant le soi-disant cadet de la famille Saltpen-Jago jurant furieusement sur le quai.

"Eh bien, sa partie de pèche tombe à l'eau," gloussa Sletherby. Il auras une histoire amusante à raconter ce soir à table, et son petit piège astucieux lui vaudra des applaudissement en tant qu'homme de ressource et de ruse." Il racontait encore en pensée son aventure à un attentif auditoire de convives quand le train arriva à sa destination. Sur le quai il fut flegmatiquement accueilli par un grand domestique, et bruyamment par Claude People, C.R. [pour Conseil du Roi, titre donné à des avocats,ndt], qui était apparemment descendu par le même train.

"Bien le bonjour, Sletherby! Vous passez le week-end à Brill? Bien. Excellent. Nous ferons quelques trous ensemble demain; je prendrais ma revanche sur cette partie à Holylake. Ici le parcours n'est pas mauvais, comme il en est des parcours dans les terres. Ah, nous-y sommes; voici la voiture qui nous attend, très belle par ailleurs!"

La voiture qui gagna l'assentiment du C.R. était un véhicule à l'allure somptueuse, qui semblait incarner le dernier cri de l'élégance, du confort, et de la technologie automobile. Ses lignes gracieuses et sa coupe symétrique masquait le fait que c’était une énorme structure sur roues, combinant les aspects du salon d'un hôtel et d'une salle des machines.

"Véhicule d'un genre différent des calèches dans lesquelles voyageaient nos grand-pères, hein?" exclama admirativement l'avocat. Et au bénéfice de Sletherby il entreprit de faire le tour des principaux points de la perfection de l'équipement et du mécanisme de la voiture.

Sletherby n'entendit pas un seul mot, ne remarqua aucun des détails qui lui étais exposé. Ses yeux étaient fixés au panneau de la portière, sur lequel étaient disposés deux blasons: un lévrier en course et un demi-lion tenant dans sa patte une croix de consécration.

Le C.R. n’était pas le genre d'homme à remarquer le silence préoccupé d'un compagnon. Il s'était tus lui-même durant presque une heure dans le train, et sa langue rattrapait le temps perdu. Ragots politiques, anecdotes privées, et remarques triviales de lui se déferlaient dans un flot ininterrompu alors que la voiture s'élançait sur les routes de campagne; depuis l'histoire interne des soucis des travaillistes de Dublin et la vie privée du Prince Désigné d'Albanie il évolua avec une volubilité spontanée jusqu'au récit d'un prétendu évènement au neuvième trou de Sandwich, et la retranscription fidèle d'une remarque faite par la Duchesse de Pathshire à un thé-dansant. Comme la voiture entra par le portail du manoir le C.R. capta l'attention de Sletherby en digressant ses remarques vers la personne de leur hôtesse.

"Une femme remarquable, perspicace, clairvoyante, qui sait exactement quand soutenir quelqu'un ou supporter une cause, exactement quand les laisser tomber. Une femme d'influence, mais qui dissipe ses chances et elle-même en s'agitant trop. Sans répit. Belle allure, aussi, jusqu'à ce qu'elle fit cette stupide modification."

"Modification?" s’enquit Sletherby, "quelle modification?"

"Quelle modification? Vous voulez dire--Oh, bien sur, vous ne la connaissez que depuis tout récemment. Elle avais ces beaux cheveux brun sombre, qui allaient très bien avec sa peau satinée; puis un jours, il y a de çà cinq semaines, elle électrisa tout le monde en paraissant avec ses cheveux blonds. Cela à passablement détériore son style. Nous y sommes. Dites, que vous arrive-t-il? Vous avez l'air plutôt souffrant."

[Première publication dans les pages de l' hebdomadaire The Bystander le 3 Decembre 1913.]

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